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Nouvelles d'Elles

Recueil de nouvelles

Philippe De Boissy
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About

Des personnages attachants pour un petit bonheur de lecture.

Des amoureux, des petites filles, des vieilles dames, des demoiselles et des princesses, des empereurs et même des alouettes de mer: Philippe de Boissy nous entraîne dans son univers littéraire subtil et tendre.

Les personnages, profondément humains, s'accrochent comme ils le peuvent à ce que leur offre la vie, parfois douce, souvent cruelle.

Grâce à ce recueil de nouvelles, plongez dans un univers littéraire subtil et tendre, et suivez le parcours de personnages humains qui s'accrochent comme ils le peuvent à ce que leur offre la vie, parfois douce, souvent cruelle.

EXTRAIT DE L'efface

Adeline s'approche de la clture et appelle. Sa voix, toute tiède encore, s'orne de buée, et vole. Sa voix dans l'air a la rondeur d'une pomme. Arrivent les dindons, les canards, bien sûr pas les poulets. Et pas les moutons. Adeline se dit : « Mes brebis sont comme moi ce matin, un peu frileuses. Elles ne veulent pas sortir de la bergerie, là-haut au bout de la lande, parce qu'il y fait bon quand le petit matin pince, et que la paille y est bien sèche. » Elle se dit cela à voix haute, et puis elle le répète aux dindons, aux canards, et même à la barrière qu'elle tapote de sa main. De la vapeur sort de ses lèvres quand elle parle.

Une fois encore Adeline appelle ses moutons d'une voix qui toucherait la lune, bien droite en plein ciel. Mais le pré, clos de barrières muettes, reste désert. Les dindons et les canards appellent à leur tour, à coups de cris pointus, de roulades. Cela dérange à peine les rares flocons qui passent encore un peu dans la lumière. Clodomir, le coq, échappé aux fouines et à la grande cocotte de fonte noire, observe Adeline. Elle ne jette ni blé ni maïs rouge pour attirer son monde. Elle a posé ses mains sur la barrière, et elle attend. Et sous ses paumes, la neige fond. Et la septième ride, la plus belle, celle qu'on ne voit pas, tressaille. Adeline, immobile contre le ciel blanc, épie le silence. Pas un bêlement. Pas de galopade. Pas un coup de corne du bélier contre les piliers de l'étable.

« Ils sont partis, lance Clodomir.

- Mais partis o, grands dieux?

- Ils se sont envolés, Adeline, ce matin.

- Envolés! des moutons ! mon pauvre Clodomir, on n'a jamais vu ça ! »

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